Céphalée cervicogénique : quand les maux de tête viennent du cou
- Charbel Jean KORTBAWI DO, MSc.
- 21 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 juin
Qu’est-ce que la céphalée cervicogénique ?
Une douleur issue du rachis cervical
La céphalée cervicogénique (ou CC) est un type de mal de tête provoqué par un dysfonctionnement des structures cervicales (vertèbres, disques intervertébraux, muscles, articulations). Bien que décrite dès les années 1920, elle n’a réellement été reconnue qu’à la fin du XXe siècle grâce aux travaux du professeur Sjaastad.
Cette douleur de tête particulière provient de la convergence entre les nerfs cervicaux et le nerf trijumeau au niveau du tronc cérébral, un phénomène connu sous le nom de convergence trigémino-cervicale. Cela explique pourquoi les symptômes peuvent ressembler à une migraine, induisant parfois des erreurs diagnostiques.

Symptômes caractéristiques
Les signes caractéristiques d’une céphalée cervicogénique incluent :
Une douleur unilatérale et fixe, souvent localisée à l’arrière du crâne, irradiant parfois vers le front ou l'œil.
Une réduction de la mobilité cervicale, notamment en rotation.
Une douleur qui s’aggrave avec certains mouvements du cou ou une posture prolongée.
Une sensibilité à la palpation des muscles et articulations du cou, notamment au niveau de C1-C2.
Parfois, des symptômes associés proches de la migraine : nausées, photophobie, phonophobie, vertiges.
La durée des épisodes est très variable, de quelques heures à plusieurs jours, et la fréquence peut aller de quelques crises par an à plusieurs par semaine.

Diagnostic différentiel
Distinguer une céphalée cervicogénique d’une migraine ou d’une céphalée de tension est un défi clinique. Le diagnostic repose sur :
Une examen physique ciblé du rachis cervical.
Le test de flexion-rotation cervicale (Flexion Rotation Test), qui est souvent limité dans les CC.
Des critères cliniques définis par l’International Headache Society (IHS) et le CHISG (Cervicogenic Headache International Study Group), incluant douleur unilatérale, perte de mobilité cervicale et déclenchement par des pressions locales.
Une amélioration des symptômes après bloc anesthésique des nerfs cervicaux, en particulier C2-C3.

Causes fréquentes
Les origines les plus courantes incluent :
Traumatisme cervical (coup du lapin, chute…)
Arthrose cervicale
Troubles de la posture (travail sur écran, stress postural)
Dysfonctionnements articulaires au niveau C2-C3 ou C1-C2
Troubles musculo-squelettiques cervicaux
Approche thérapeutique et prise en charge
Le traitement de la céphalée cervicogénique repose sur une prise en charge multimodale :
1. Ostéopathie et physiothérapie
Un article scientifique publié en mai 2025 dans Frontiers in Neurology, intitulé "Comparative safety and efficacy of manual therapy interventions for cervicogenic headache: a systematic review and network meta-analysis", compare l’efficacité des différentes techniques de thérapie manuelle dans le traitement des céphalées cervicogéniques, un trouble pour lequel ces approches restent parmi les plus efficaces et les moins invasives.
Les techniques de mobilisation articulaire se révèlent particulièrement efficaces pour réduire la douleur, améliorer la mobilité cervicale et diminuer l’incapacité fonctionnelle. Ces bénéfices sont à la fois significatifs et durables dans le temps. La manipulation vertébrale cervicale, quant à elle, semble être l’intervention la plus performante à court terme pour soulager la douleur et restaurer la fonction, à condition d’être pratiquée par un professionnel expérimenté. Les mobilisations douces et le massage offrent quant à eux des options sûres, notamment pour les patients présentant des contre-indications à la manipulation.
En résumé, l’ostéopathie et la thérapie manuelle ont toute leur place dans la prise en charge des céphalées cervicogéniques, en contribuant à améliorer la mobilité cervicale, à rééquilibrer les tensions musculaires et à soulager la douleur. Plusieurs études montrent que les exercices ciblant les muscles profonds du cou, associés à des techniques de mobilisation, peuvent réduire durablement l’intensité et la fréquence des céphalées.
2. Bloc anesthésique
Un test diagnostique, mais aussi une option thérapeutique, consiste en l’infiltration de lidocaïne ou corticostéroïdes au niveau des articulations cervicales ou du nerf grand occipital.
3. Radiofréquence pulsée et chirurgie
En cas d’échec des traitements conservateurs, des techniques comme la radiofréquence au niveau des nerfs cervicaux ou une chirurgie de décompression peuvent être envisagées dans des cas très ciblés.
Conclusion
La céphalée cervicogénique est une cause sous-estimée de maux de tête chroniques. Un examen clinique précis, associé à une prise en charge manuelle et fonctionnelle, permet souvent d’apporter un soulagement durable. En tant qu’ostéopathe spécialisé en douleurs chroniques et en pathologies cervicales, je vous propose une approche individualisée, intégrant les recommandations actuelles basées sur les données scientifiques.
Charbel Jean Kortbawi DO, MSc.
Ostéopathe à Paris
Master 2 Neurosciences du mouvement
Diplôme Universitaire Gestion de douleur chronique
Diplôme Universitaire Douleur et motricité humaine
Diplôme Universitaire Anatomie clinique et imagerie
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