Syndrome du muscle piriforme : Causes et traitements.
- Charbel Kortbawi
- 23 juin
- 3 min de lecture
Syndrome du muscle piriforme : une cause fréquente et méconnue de sciatique.
Qu’est-ce que le syndrome du piriforme ?
Le syndrome du muscle piriforme (SMP) est un trouble neuromusculaire caractérisé par la compression du nerf sciatique par le muscle piriforme, situé profondément dans la région fessière. Cette pathologie, bien que souvent méconnue, pourrait représenter jusqu’à 6 à 8 % des causes de sciatalgie. Les patients présentent généralement une douleur fessière irradiant dans la cuisse, mimant une sciatique d’origine lombaire, avec parfois des sensations de brûlure, d’engourdissement ou de picotements le long du trajet du nerf sciatique.

Anatomie et rôle du muscle piriforme
Le muscle piriforme est un petit muscle triangulaire, en forme de poire, s’insérant sur la face antérieure du sacrum (foramens S2–S4) et se terminant sur le bord supérieur du grand trochanter du fémur.
Ses fonctions principales sont la rotation latérale de hanche (hanche en extension), l'abduction (hanche fléchie), et extension de hanche.
Il joue aussi un rôle dans la stabilisation de la hanche et de l’articulation sacro-iliaque. Plusieurs variations anatomiques du trajet du nerf sciatique ont été décrites, et certaines favorisent la survenue du syndrome.

Causes du syndrome du muscle piriforme
Contracture musculaire.
Hypertrophie musculaire.
Anomalie anatomique.
Un kyste ou une tumeur (rare).
Inflammation.


Facteurs déclenchants
Traumatismes ou microtraumatismes répétés
Chutes sur les fesses, traumatismes directs qui provoquent des lésions ou spasmes du muscle piriforme.
Surutilisation musculaire
Course à pied, cyclisme, position assise prolongée. Sollicitation excessive du piriforme en tant que rotateur externe et abducteur de hanche.
Chirurgies ou injections intramusculaires
Injections mal effectuées dans la fesse ou interventions chirurgicales peuvent endommager le muscle ou le nerf sciatique.
Facteurs posturaux ou squelettiques
Hyperlordose lombaire, dysfonction sacro-iliaque, scoliose ou trouble de la posture peuvent perturber l’équilibre pelvi-fémoral ( exemple: inégalité de longueur des membres inférieurs, rotation excessive du fémur).
Grossesse
La relaxation ligamentaire et le changement de posture peuvent induire un stress accru sur le muscle piriforme et favoriser une compression du nerf sciatique.
Diagnostic clinique
Le diagnostic repose avant tout sur une évaluation clinique rigoureuse, après exclusion des causes rachidiennes de sciatique (hernie discale, canal lombaire étroit, etc.).
Tests cliniques couramment utilisés :
FAIR Test (Flexion – Adduction – Rotation Interne).
Test de Freiberg.
Test de Beatty.
Manœuvre HCLK (Heel Contra-Lateral Knee).
Palpation douloureuse dans la fesse.
Examens complémentaires
IRM pelvienne : peut révéler une hypertrophie musculaire ou un conflit anatomique.
Électroneuromyogramme (ENMG) : peut détecter un retard de conduction du nerf sciatique.
Prise en charge thérapeutique
Traitement conservateur en première intention - Ostéopathie ou kinésithérapie :
Étirements du muscle piriforme.
Renforcement musculaire (isométrique).
Relâchement des triggers points.
Mobilisation lombo-pelvienne.
Correction de la posture.
Injections :
Injections sous guidage échographique ou scanner, de cortisone ou d'anesthésique.
Injection de Botox.
Chirurgie (neurolyse ou section du muscle) : en dernier recours et rarement nécessaire.

Conclusion
Le syndrome du piriforme est une pathologie réelle, bien que longtemps controversée. Sa reconnaissance repose sur une bonne connaissance anatomique, une analyse clinique approfondie et une prise en charge individualisée combinant étirements, thérapie manuelle et rééducation fonctionnelle.
Charbel Jean Kortbawi DO, MSc.
Ostéopathe à Paris 16.
Master 2 Neurosciences du mouvement
Diplôme Universitaire Gestion de douleur chronique
Diplôme Universitaire Douleur et motricité humaine
Diplôme Universitaire Anatomie clinique et imagerie
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